J'habite une douleur (poème pulvérisé)
Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne
auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce
à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau:
tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus
de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en
une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne
personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude
qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur
de l'impossible.
Pourtant.
Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche
aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au
centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne
verras jamais monter. A quand la récolte de l'abîme? Mais tu as crevé les
yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...
Qu'est-ce qui t'a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?
Il n'y a pas de siège pur.
René Char
"C'est l'histoire d'un petit garçon qui
"C'est l'histoire d'un petit garçon qui avait mauvais caractère.
Son père lui donna un sac de clous et lui dit
qu'à chaque fois qu'il perdrait patience,
il devrait planter un clou derrière la clôture.
Le premier jour, le jeune garçon planta 37 clous derrière la clôture.
Les semaines qui suivirent,
à mesure qu'il apprenait à contrôler son humeur,
il plantait de moins en moins de clous derrière la clôture...
Il découvrit qu'il était plus facile de contrôler son humeur
que d'aller planter des clous derrière la clôture...
Le jour vint où il contrôla son humeur toute la journée.
Après en avoir informé son père, ce dernier lui suggéra
de retirer un clou à chaque jour où il contrôlerait son humeur.
Les jours passèrent et le jeune homme
put finalement annoncer à son père
qu'il ne restait plus aucun clou à retirer de la clôture.
Son père le prit par la main et l'amena à la clôture.
Il lui dit: "Tu as travaillé fort, mon fils,
mais regarde tous ces trous dans la clôture.
Elle ne sera plus jamais la même.
A chaque fois que tu perds patience,
cela laisse des cicatrices exactement comme celles-ci.
Tu peux enfoncer un couteau dans un homme et le retirer,
peu importe combien de fois tu lui diras être désolé,
la cicatrice demeurera pour toujours"
Ligne d'horizon
J'aime écrire entre les lignes et changer d'horizon
Dans les nues du matin je l'ai vue se baigner toute nue
et au soleil naissant apparaître poitrine dressée
nouvelle femme
dans l'immensité
La montagne montre quelquefois ses formes à l'horizon
J'aime te décrire entre les lignes
te regarder nager toute nue
et glisser vers l'inconnu
D'un petit signe tu
m'invites vers un rivage
défendu
Je pose alors ma plume
et léger je vole te caresser
J'aime découvrir tes lignes à l'horiZON
Louis PARISEL
COMME AVANT
Considère sans en être affecté que ce que le mal
Considère sans en être affecté que ce que le mal pique le plus volontiers ce sont les cibles non averties dont il a pu s'approcher à loisir. Ce que tu as appris des hommes...leurs revirements incohérents, leurs humeurs inguérissables, leur goût du fracas, leur subjectivité d'arlequin...doit t'inciter, une fois l'action consommée, à ne pas t'attarder trop sur les lieux de vos rapports.
René CHAR
"Il est une affaire sur terre Plus
"Il est une affaire sur terre
Plus importante que Dieu :
Que personne ne crache le sang,
Pour que des gens vivent mieux."
(Hector Roberto Chavero dit Atahualpa Yupanqui / 1908-1992 / El Canto del viento)